30 personnes rassemblées à Vannes,

A l'initiative de la Ligue des Droits de l’Homme Vannes, de la Libre Pensée du Morbihan, du Mouvement de la Paix du Morbihan

Avec le soutien du Parti Communiste Français de Vannes, du Parti Ouvrier Indépendant du Morbihan, de France Insoumise de Vannes


Discours le 11 novembre 2017, à Vannes, de la Libre Pensée du Morbihan

Je vous apporte ici le salut de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de la Fédération nationale laïque des monuments pacifistes, de la Libre Pensée du Morbihan.

Il y a 30 ans avait lieu le premier rassemblement de Gentioux, initié par la Libre Pensée autour de cet orphelin qui inscrit pour le présent et l’avenir son dégout, son rejet de la guerre. Rageur, il crie « Maudite soit la guerre ».

Depuis, ce sont plus de cent rassemblements et initiatives autour de monuments pacifistes, antimilitaristes, autour d’œuvres cinématographiques, d’expositions, de conférences qui se tiennent par an pour réclamer la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple de la guerre de 14-18. C’est un mouvement de fond, une revendication essentielle qui depuis 100 ans attend une réponse de la part des hautes autorités de l’Etat. Face au cri de réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple, c’est un silence lourd de mépris qui fusille une deuxième fois ces hommes.

Il y a deux semaines, le député de l’Allier du groupe parlementaire de la Gauche démocrate et républicaine, Jean-Paul-Dufrègne, a posé une question, en commission parlementaire, à madame Geneviève Darrieussecq, Secrétaire d’Etat auprès la Ministre des armées, à propos du dossier de la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple de 1914-1918.

Celle-ci a écarté la réhabilitation sous prétexte que la réhabilitation juridique au cas par cas n’est pas possible. C’est répondre à côté de la question ! Car ce n’est pas ce qui est demandé depuis plusieurs décennies par les associations comme la Libre Pensée et bien d’autres avec elles (ARAC, Mouvement de la Paix, Union pacifiste, sections de la LDH et de syndicats Force Ouvrière et CGT).

Car ce n’est pas ce qui est demandé par 31 Conseils départementaux, par 6 Conseils régionaux, et par 2 000 Conseils municipaux. Soulignons que le Mouvement de la Paix a fait prendre position au Conseil Municipal d’Hennebont, ils sont cette année non pas à Vannes, mais à Hennebont pour prolonger cette action dans les cérémonies officielle.

Et car ce n’est pas ce qui est demandé non plus par les descendants des Fusillés pour l’exemple qui, dès qu’ils en sont informés, signent l’Appel à la République que leur propose la Libre Pensée.

Ce n’est pas ce que demandent le député PCF Jean-Paul Dufrègne à la Secrétaire d’Etat, ni le député de La France Insoumise Alexis Corbière devant l’Assemblée Nationale en séance qui est intervenu aussi pour demander la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple.

Les présidents de la République successifs, flirtant avec les promesses, n’ont pas voulu refermer cette blessure béante. Elle est d’autant plus vive que les Fusillés pour l’exemple, que les Fusillés par la France, demeurent les oubliés, les éternels condamnés des manquements de la République. Il ne saurait y avoir de plus grande souillure sur les gouvernements successifs qui ont fermé les yeux devant une injustice patente.

[La fin de la guerre à l’Est en 1917, à l’Ouest en 1918]

C’est faire peu de cas de la réalité de ces hommes.

Ils ne se sont pas déshonorés, bien au contraire, ils ont fait honneur au genre humain en refusant la guerre, l’affrontement, la barbarie. Ceux sont les généraux, les autorités qui se sont déshonorés par leur vilenie, leur bassesse et leur censure.

Il y a 100 ans, en 1917, les mutineries et la Révolution russe ouvraient un espoir pour les peuples. Indépendamment de ce que chacun peut penser des suites de la révolution russe en 1917, elle arrête la guerre et la boucherie mondiale à l’Est. Un an après, en novembre 1918, la révolution allemande arrête la guerre et la boucherie mondiale à l’Ouest

Sur le front de l’Ouest, la nouvelle des premiers événements traverse les tranchées avant l’offensive Nivelle qui promet la bataille finale. Les soldats pensent que la fin de la guerre est proche, c’est sans compter sur l’imbécillité des états-majors, Nivelle d’abord puis Pétain. Sur les premières offensives, 35 000 morts la première semaine, répétition de la boucherie des années précédentes. De ces offensives, 200 000 soldats ne s’en relèveront pas. Les mutineries éclatent. Les soldats de plusieurs bataillons refusent de monter au front. Individuellement, puis collectivement, les soldats crient « À bas la guerre », l’Internationale est entonnée. On entend aussi « À bas les gradés ». Puis on manifeste, on revendique des permissions en plus, on exige la signature de la paix, on conteste les ordres.

[Un monument pour les Fusillés pour l’exemple]

Allant au bout de ce combat de justice, la Libre Pensée s’engage dans une réhabilitation collective et effective des fusillés pour l’exemple à travers l’érection d’un monument sur la ligne de front. Les élus de la République pouvant réaliser cette réhabilitation lui ont tourné le dos mais nous sommes aussi la République. Avec nos associations, nos syndicats, nos rassemblements, nous réunissons depuis des années des militants, des citoyens de la cause humaine. Ils ne l’ont pas fait, nous le ferons.

La condamnation des assassinats des fusillés pour l’exemple de la guerre de 14-18, c’est aussi pour la Libre Pensée, aujourd’hui, le refus du retour de tout acte de cette gravité.

La condamnation des assassinats des fusillés pour l’exemple de la guerre de 14-18, c’est aussi pour nous le refus des guerres aujourd’hui, avec leurs conséquences catastrophiques (« migrants » réfugiés, déportation et écrasement des populations, terrorisme, nations disloquées, destruction des droits sociaux et démocratiques, etc…).

C’est pourquoi, un monument pour la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple sera une marque pour les futures générations. Ainsi nous honorerons les Fusillés pour l’exemple, les déserteurs, les insoumis, les révoltés, tous ceux pour qui l’Humanité ne peut se conjuguer avec tuerie et barbarie et agissent pour que le cours de la guerre ne soit plus. Il faut tarir la source, l’esprit de vengeance.

Si parmi vous, votre proche, un ami, un voisin, vous connaissez des descendants de Fusillés pour l’exemple, nous vous invitons à leur faire connaître l’appel des descendants de Fusillés que nous tenons à votre disposition où il est dit : « Les membres de nos familles (…) n’étaient pas coupables, tout le monde le reconnait. Alors, ils étaient innocents des crimes qu’on leur a attribués. Il faut les réhabiliter ! Depuis 1914-1918, nos familles attendent qu’on rende leur honneur aux nôtres et à leurs familles. C’est pourquoi nous soutenons l’initiative d’ériger un monument en leur honneur sur la ligne de Front. ». Nous avons constitué un groupe d’étude pour rechercher les descendant de fusillés, 14 sur le Morbihan, un des plus importants contingents dans les départements… L’an dernier, la famille du soldat Elie-Marie Lescop, réhabilité en 1934, a fait inscrire le nom de leur grand parent sur le monument aux morts de Muzillac.

 

Nous vous appelons, nous appelons chacun d’entre vous à contribuer à ce monument : nous en sommes à 35% du financement, le lieu est en cours de discussion.

Il sera érigé sur la ligne de front.

Là où des hommes sont morts pour enrichir les marchands de canons,

Là où des générations ont été fauchées à l’aube de leur vie

Là où des hommes se sont mutinés, se sont révoltés, ont tenu tête, ont su dire non au prix de leur vie

Là où des hommes furent fusillés pour l’exemple, par des balles françaises

Ce combat n’a que trop duré. C’est une question de justice. Alors oui, nous vous appelons à contribuer, à donner pour que justice soit faite, pour qu’un monument soit érigé. Ils n’ont pas été réhabilités, nous le ferons ensemble à travers ce monument. Nous sommes la République, Vous êtes la République !

Soyons ensemble pour dire

Réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple !

Non à la Guerre ! Maudite soit la Guerre !