11 novembre 2024 : halte à la guerre
Amis, Citoyennes et Citoyens, Camarades,
Au nom de la Libre Pensée, je salue et remercie toutes les organisations, les citoyennes et citoyens qui soutiennent cette initiative et qui sont présents ici.
Le 11 novembre, pour la Libre Pensée, c'est la bataille qui continue pour la réhabilitation des fusillés pour l'exemple de 14-18.
Une bataille menée avec beaucoup d'autres à nos côtés. Nous nous sommes appuyés sur la prise de positions de 2 000 Communes, 31 Conseils départementaux et 6 Conseils régionaux.
Une bataille qui a permis le vote en première lecture par l'Assemblée le 14 janvier 2022 d'une proposition de loi du député LFI Bastien Lachaud. Elle a été bloquée par le Sénat.
Nous recommencerons, sans cesse, jusqu’à la victoire. Nous n’avons jamais été aussi près de gagner cette bataille de Justice.
Pour relancer le processus parlementaire, il faut représenter cette proposition de loi à l’Assemblée nationale pour qu’elle soit votée de nouveau, puis soumise au vote du Sénat. Nous sommes en relation permanente avec différents groupes parlementaires pour guetter une fenêtre de tir possible, vous me pardonnerez cette expression.
Nous voulons réhabiliter ceux qui hier ont dit Non pour pouvoir dire Non à la guerre aujourd’hui.
La guerre n’est plus un devenir, elle est déjà là.
Chacun le ressent, nous sommes désormais dans une situation inquiétante.
Les générations actuelles n’ont jamais connu ce vent de guerre. Un malaise étreint toute la société, c’est la même angoisse que la montée des périls à partir de 1933.
Quand la crise vient, dans toutes ses dimensions, quand les gouvernements sont haïs et rejetés par les populations, pour les capitalistes et impérialistes, la guerre est toujours la solution pour préserver leur pouvoir et leurs intérêts.
Il y a des leçons à tirer de l'ouverture du conflit en août 1914.
D'abord, c'est avant que tout se joue. Les fraternisations de Noël 1914 ont été balayées par la logique de l'affrontement, voire de la haine.
Ensuite, la guerre amène les régimes d'exception. Le 4 août, à l'Assemblée nationale, après un hommage à Jaurès, adoption des lois spéciales et ajournement du Parlement, bouleversement des institutions, comités secrets. Et le gouvernement laisse le champ libre à l'armée : censure, exécutions pour l'exemple...
En Allemagne, proclamation de l'état de siège le 31 juillet, qui supprime certains droits politiques et introduit une pré-censure de la presse
Enfin, l'engagement de la guerre passe par l'union sacrée. Le seul Karl Liebknecht, député de la social-démocratie allemande, vote contre les crédits de guerre. Pourtant, avant la déclaration de guerre, quelque 750 000 militants SPD étaient descendus dans la rue dans tout l'Empire pour manifester contre la guerre.
Comme le dit Liebknecht, « le mot d'ordre allemand : " Contre le tsarisme " tout comme le mot d'ordre anglais et français : " Contre le militarisme ", a servi de moyen pour mettre en mouvement les instincts les plus nobles, les traditions et les espérances révolutionnaires du peuple au profit de la haine contre les peuples. » On saura toujours inventer le mensonge qui légitimera la guerre.
En France, l'union sacrée se concrétise le 26 août avec la participation de socialistes au gouvernement, pour « le salut de la civilisation ».
Des leçons qu'il faut méditer.
Aujourd'hui, il y a plus de 50 conflits dans le monde, dont 10 majeurs. Et deux qui nous touchent profondément : l'Ukraine et la Palestine.
La barbarie se déchaîne au Moyen-Orient et en Ukraine. On est frappé de stupeur par les chiffres annoncés :
- 600 000 Russes, 480 000 Ukrainiens : le bilan humain de la guerre en Ukraine dépasse le million de morts et blessés. On estime que plus de 6,5 millions de personnes ont fui l'Ukraine et que près de 3,7 millions d'autres sont déplacés à l'intérieur du pays ;
- 41 000 morts, à 70 % des femmes et des enfants et plus de 96 000 de blessés à Gaza en Palestine ;
- Au Liban depuis l’agression sioniste de l’État d’Israël. au moins 2 546 personnes auraient été tuées, dont 127 enfants depuis octobre 2023. 11 862 autres auraient été blessées, dont 890 enfants
Oui, nous sommes saisis d'horreur devant la frénésie guerrière, les massacres, les destructions ; ce qu'on nous rapporte sur la Palestine dépasse l'imagination, n'est pas supportable pour les témoins directs, en particulier les médecins. L'état colonial, dans la poursuite de son offensive, ouvre une situation de guerre dans tout le Moyen Orient et avec l'Iran.
A Gaza et à Beyrouth, c’est l’Humanité que l’on assassine comme en Ukraine.
Stoppons les envois d'armes, de munitions, d'équipements ; cela arrêtera la guerre barbare qui n'a en rien le souci de la libération des otages du 7 octobre.
Quel avenir possible pour l'Ukraine ? L'invasion décidée par Poutine piétine le droit international. Mais la menace de l'OTAN à la frontière de la Russie a été le déclencheur d'une guerre que les pays de l'OTAN ont préparée depuis 10 ans.
La poursuite de l'aide militaire s'oppose à toute solution pacifique, elle indique que les soutiens du président ukrainien veulent se battre jusqu'au dernier soldat ukrainien. Aujourd'hui, on constate l'épuisement de l'Ukraine ; il ne suffit pas d'avoir du matériel.
Pour la conduite de la guerre, la démocratie est piétinée : fanatisme linguistique contre le russe, loi martiale, fermeture des chaînes TV d'opposition, arrestations de journalistes, destruction du droit du travail, mise sous tutelle des syndicats.
Les territoires de l'Est connaissent, eux, la russification forcée, la répression, les tortures et exécutions sommaires.
Mais la guerre apporte des avantages : 28 % des terres arables sont contrôlées par un mélange d’oligarques et d’intérêts étrangers divers - principalement européens et nord-américains, y compris le fonds souverain d’Arabie saoudite. Les financeurs des prêts pour mener la guerre vont présenter la note et mobiliser leurs garanties. Les fabricants d'armes peuvent les vendre « éprouvées au combat ».
En Russie, l'engagement de la guerre par Poutine a consolidé le régime, amplifié la répression. La militarisation de l'économie, c'est l’inflation de près de 10 %, des taux d'intérêts élevés, l'épuisement des réserves financières, une part énorme du budget pour l'armement soit 8,7 % du PIB.
D'un conflit interne à l'Ukraine, on est arrivé à une confrontation économique globale entre l’ensemble de l’Occident, d’une part, et la Russie adossée à la Chine, d’autre part. C'est déjà devenu une guerre mondiale.
Quelle que soit l'issue, rien ne sera comme avant. Pour tout un ordre mondial, notamment pour l'Europe dont on nous avait vendu qu'elle garantissait la paix.
Les États-Unis et la Russie sont "au bord d'un conflit militaire direct", a affirmé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans un entretien publié vendredi 1er novembre.
La menace d'une confrontation entre la Chine et les USA et leurs alliés du Pacifique est avérée. «Ce n'est pas un match de tennis poli. C'est une lutte existentielle sur ce à quoi ressemblera la vie au XXIe siècle», a déclaré en guise d'introduction Mike Gallagher, président de la nouvelle commission du Congrès américain sur la Chine. Peu de chances que Trump soit plus conciliant. Et la pression américaine va peser lourdement sur l'Europe.
Dans cette situation, la France, reléguée au rang de puissance secondaire et frappée par la crise économique, par la désindustrialisation dont nous voyons directement les manifestations, cherche sa survie dans le développement des industries d'armement et leur exportation.
Le Télégramme du 13 octobre a publié un entretien avec l'ancien CEMA, le général François Lecointre, qui vient de publier Entre Guerres. Il y constate qu'il n'y a pas eu un jour sans guerre depuis 1945. Il considère que l'Europe a été épargnée. On oublie vite l'éclatement de la Yougoslavie, les bombardements, l'épuration ethnique...
Sa conclusion montre ce qui est attendu :
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De son côté, dans Le Télégramme, Jean-Michel Jacques répète « pas touche à un euro du budget de 50,5 milliards, aux 413 milliards programmés. »
Et JM Jacques de vanter les emplois du secteur de l'armement. En quoi répondent-ils aux besoins sociaux ? En quoi l'argent public qu'ils consomment ne serait pas mieux utilisé pour les besoins et emplois indispensables : écoles, santé, hôpitaux, retraites...
La marche à la guerre, elle doit devenir une évidence pour la jeunesse. Elle n'a pas la mémoire des générations précédentes ; il faut lui inculquer l'inéluctabilité de la guerre, la « militariser » de toutes les manières possibles, SNU, classes de défense...
La marche à la guerre, c'est le développement de la répression. Par exemple, à Montpellier contre les défenseurs du Peuple palestinien soumis à un génocide. La Libre Pensée, avec le Mouvement Boycott-Désinvestissent-Sanctions, subit une répression accrue menée par un Préfet qui a déjà été traîné devant les tribunaux pour avoir interdit des manifestations qui ne lui plaisent pas. Un véritable autocrate comme son maître Macron.
Il vient de déposer une plainte pénale contre notre camarade Alban Desoutter, responsable de la Libre Pensée de l’Hérault pour avoir lu à la fin d’une manifestation la Déclaration nationale de la Libre Pensée en soutien au Peuple palestinien. Nous vous appelons à signer massivement l’Appel qui a déjà reçu des milliers de signatures en solidarité avec notre camarade de l’Hérault et la Libre Pensée.
Les peuples n'ont pas d'ennemis parmi les peuples. Ils ont leurs ennemis dans leur propre pays. A-t-on oublié la déclaration de Macron sur le risque de guerre civile « du fait des extrêmes » ?
Alors, si nous sommes ici, c'est parce que nous savons que pour faire obstacle à la marche à la guerre, nous pouvons agir, nous devons agir dans notre propre pays.
Nous sommes réunis pour lancer un appel à l'action dans l'unité, l'action de toutes les forces qui sont l'héritage historique du combat contre les forces du capital.
Notre ami belge Pierre Galand, militant humaniste, pacifiste et tiers-mondiste, ancien secrétaire général d’OXFAM Belgique, ancien président de la Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie, Sénateur honoraire socialiste, a lancé un appel à une grande mobilisation pour la paix[1] : « Ce qui me semble le plus tragique en ces circonstances, c’est d’être confronté à une classe politique incapable de prendre acte des risques pour la paix mondiale et de n’y répondre que par l’accélération insensée des budgets militaires menant à la guerre et à la terreur. Il y a urgence. (...) Mobilisons-nous pour clamer et exiger : STOP WAR ! Pour forcer le choix du bon sens, celui de la désescalade et de la négociation, avant qu’il ne soit trop tard. Car nous ne sommes plus ni en 1914, ni en 1939. Aujourd’hui une troisième guerre mondiale sera fatale pour le genre humain. »
Et je reprendrai le mot d’ordre universel des combattants de la liberté humaine :
Ni dieu ni maître, à bas la calotte et vive la sociale !
[1] Pierre Galand, Stop War, Entre les lignes, 29 avril 2022, https://www.entreleslignes.be/le-cercle/pierre-galand/stop-war